Enquête OCDE: le système de santé luxembourgeois à la loupe

L’OCDE a publié les résultats de son enquête internationale PaRIS, qui évalue le vécu et les résultats des patients des soins primaires dans 19 pays. Fondée sur les déclarations des patients, elle met en évidence la nécessité d’adapter les systèmes de santé pour mieux répondre aux besoins des patients, notamment ceux atteints de maladies chroniques. Comment se positionne le Luxembourg dans cette étude ? Et ses patients sont-ils satisfaits de leur prise en charge ?

Le Luxembourg affiche des résultats globalement positifs dans l’enquête PaRIS de l’OCDE, qui repose sur les réponses de 1 590 patients et 52 structures de soins primaires du pays. D’après le rapport Les systèmes de santé tiennent-ils leurs promesses ?, les patients luxembourgeois font état d’une satisfaction supérieure à la moyenne de l’OCDE en ce qui concerne les soins centrés sur la personne et la qualité perçue des soins. Toutefois, certains domaines, comme l’implication du personnel non médical et l’adoption des outils numériques, restent en retrait.

Des patients globalement en bonne santé, mais une prise en charge à améliorer

L’enquête révèle que 72 % des patients luxembourgeois atteints de maladies chroniques se déclarent en bonne santé physique, un résultat supérieur à la moyenne OCDE (70 %). De même, 86 % d’entre eux jugent leur santé mentale satisfaisante, soit trois points au-dessus de la moyenne OCDE (83 %).

En matière de soins centrés sur la personne, 91 % des patients luxembourgeois estiment bénéficier d’une prise en charge adaptée à leurs besoins, un taux largement supérieur à la moyenne OCDE (85 %). La confiance dans le système de santé est également élevée : 66 % des patients s’y disent favorables, contre une moyenne OCDE de 62 %.

Toutefois, seulement 56 % des patients luxembourgeois déclarent se sentir aptes à gérer leur propre santé, un taux légèrement inférieur à la moyenne de l’OCDE (59 %). De plus, seuls 18 % des patients sont suivis dans des structures de soins primaires où le personnel non médical participe activement à la prise en charge des maladies chroniques, un chiffre nettement inférieur à la moyenne OCDE (83 %).

Une digitalisation des soins en retard

L’infrastructure numérique des soins de santé au Luxembourg semble sous-exploitée. Seuls 18 % des patients déclarent être pris en charge dans des structures capables d’échanger des dossiers médicaux par voie électronique, un taux bien inférieur à la moyenne OCDE (57 %).

De plus, la littératie numérique en matière de santé reste faible : 11 % des patients luxembourgeois se sentent à l’aise pour utiliser des informations de santé en ligne, contre une moyenne OCDE de 19 %. Ce retard pourrait freiner l’intégration de solutions de télémédecine et d’outils d’autogestion des maladies chroniques.

Des consultations longues, mais une coordination à renforcer

Le temps accordé aux patients est un point fort du Luxembourg : 57 % des personnes atteintes de maladies chroniques bénéficient de consultations de plus de 15 minutes, soit 10 points de plus que la moyenne OCDE (47 %). Par ailleurs, 63 % des patients déclarent consulter le même professionnel de santé depuis plus de cinq ans, un taux supérieur à la moyenne OCDE (58 %).

Cependant, la coordination des soins reste un défi. Seuls 59 % des patients estiment que leur structure de soins est bien préparée à coordonner les soins, un chiffre légèrement supérieur à la moyenne OCDE (56 %), mais qui laisse une marge de progression.

Des inégalités marquées entre hommes et femmes

L’enquête met en lumière une forte disparité entre hommes et femmes en matière de confiance dans le système de santé. Alors que 73 % des hommes expriment leur confiance dans le système, ce chiffre tombe à 58 % chez les femmes, soit un écart de 15 points, l’un des plus élevés parmi les pays étudiés. À titre de comparaison, l’écart moyen observé dans l’OCDE est de 9 points.

En revanche, le Luxembourg affiche l’un des écarts les plus faibles en matière de bien-être entre hommes et femmes, avec des résultats similaires entre les deux sexes, contrairement à d’autres pays où les femmes se déclarent généralement en moins bonne santé.

Un appel à améliorer l’accès aux soins numériques et la coordination

L’OCDE souligne que, malgré de bons résultats sur plusieurs indicateurs, des améliorations restent nécessaires au Luxembourg, notamment pour renforcer la coordination des soins et favoriser une meilleure adoption des outils numériques.

Avec une meilleure intégration du personnel non médical et une modernisation de l’infrastructure numérique, le pays pourrait encore améliorer l’expérience des patients et optimiser l’efficacité de son système de santé.

Principaux résultats du Luxembourg

  • Au Luxembourg, plus de sept personnes sur dix (72 %) atteintes de maladies chroniques déclarent être en bonne santé physique, mesurée par les activités physiques, la douleur et la fatigue, soit une proportion supérieure à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS, qui s’élève à 70 %.

  • Au Luxembourg, près de neuf personnes sur dix (86 %) atteintes de maladies chroniques font état d’une bonne santé mentale, laquelle renvoie à la qualité de vie, à la détresse émotionnelle et à la vie sociale, ce qui est supérieur à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (83 %).

  • Au Luxembourg, neuf personnes sur dix (91 %) atteintes de maladies chroniques déclarent bénéficier de soins centrés sur la personne et axés sur les besoins des patients, ce qui est supérieur à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (85 %).

  • Près de deux tiers (66 %) des patients atteints de maladies chroniques font confiance à leur système de santé, ce qui est au-dessus de la moyenne OCDE dans l’enquête PaRIS (62 %).

  • Plus de la moitié (56 %) des patients atteints de maladies chroniques au Luxembourg se sentent aptes à gérer leur propre santé, ce qui est en deçà de la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (59 %).

  • 11 % seulement des patients atteints de maladies chroniques se disent confiants dans leur capacité à utiliser des informations de santé sur internet, contre 19 % en moyenne dans les pays de l’OCDE participant à l’enquête (fourchette comprise entre 5 et 34 %).

  • Au Luxembourg, environ une personne sur cinq (18 %) atteinte de deux maladies chroniques ou plus est prise en charge dans des structures de soins primaires où le personnel non médical participe à la gestion des maladies chroniques, soit 65 points de moins que la moyenne OCDE (83 %).

  • 18 % seulement des personnes atteintes de maladies chroniques sont prises en charge dans des structures pouvant échanger des dossiers médicaux par voie électronique, ce qui est inférieur à la moyenne de l’OCDE dans l’enquête PaRIS (57 %).

> Découvrir l'intégralité des résultats du Luxembourg

> Le rapport phare de l’enquête PaRIS peut être téléchargé en intégralité ici.

Lire aussi: Les systèmes de santé tiennent-ils leurs promesses? (Enquête OCDE)

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