Le Luxembourg a aussi souffert de la pénurie de médicaments dans les hôpitaux avec la loi prise par Maggie de Block comme l’explique Grégory Gaudillot président de l’association des pharmaciens hospitaliers du Luxembourg (APHL)
Au Luxembourg, l’association des pharmaciens hospitaliers s’investit dans les 5 hôpitaux du pays. « On compte 44 membres et on défend les intérêts de cette profession » explique Grégory Gaudillot président de l’association des pharmaciens hospitaliers.
La pharmacie hospitalière gère le deuxième poste de dépenses du budget hospitalier après les salaires. "Au CHL, nous sommes à près de 60 millions d’euros pour le médicament et 15 millions d’euros pour le dispositif médical. On a une très grosse activité de dispensation de médicament extra hospitalier (30 millions sur les 60) pour des médicaments qui ont un statut spécial et qui ne sont pas accessibles dans des officines de ville (maladies rares et/ou graves, des médicaments coûteux avec une prise en charge précise…)."
Dépendant de la Belgique
Au Luxembourg, les hôpitaux sont financés par un budget global fixé pour 2 ans par la CNS (caisse nationale de santé), il permet entre autre d’acheter les médicaments et le matériel. « Sur la partie purement hospitalière, il n’y a pas de bénéfice fait sur le médicament et c’est différent de la Belgique. Les négociations réalisées avec les firmes pharmaceutiques permettent de tenir les budgets et de financer les innovations thérapeutiques. »
Les ruptures de stock de médicaments sont une difficulté du quotidien pour tous pharmaciens. Récemment, les pharmaciens luxembourgeois ont aussi souffert des pénuries de médicaments à cause de la ministre fédérale de la santé Maggie De Block : «Nous avons actuellement une vingtaine de médicaments en rupture alors qu’ils sont inscrits sur le formulaire thérapeutique. Nous avons été mis en difficulté lorsque la ministre belge de la santé avait fait voter la loi qui poussait les grossistes à ne plus exporter en dehors du territoire belge. » Le Luxembourg est en effet très dépendant de la Belgique : « Nous faisons venir quotidiennement des médicaments de Belgique et qui ne sont pas nécessairement enregistrés au Luxembourg. Maggie de Block n’a pas mesuré les conséquences de sa loi.»
La loi cassée
Si à l’hôpital, la situation était gérable, dans le marché des pharmaciens de ville, cela devenait inquiétant : « Elle a mis les patients et les professionnels de santé en difficulté parce qu’il nous faut plus de temps pour trouver les médicaments alternatifs. Heureusement la loi a été jugée caduque et nous avons poussé nos autorités à se plaindre auprès de la ministre. Elles lui ont rappelé qu’il y avait quand même des partenariats signés entre les deux pays. »
La liberté thérapeutique
Au Luxembourg, dans les hôpitaux, les médecins, avant de prescrire un médicament à un patient, peuvent consulter une liste de produit qui s’appelle le formulaire thérapeutique. « Ce dernier a été élaboré en concertation avec le corps médical. 98% de ce qui est prescrit dans l’hôpital provient de cette liste même si ce n’est pas une obligation. »
Dans les faits, le médecin peut évidemment toujours prescrire en dehors du formulaire thérapeutique, lorsqu’il le juge utile pour son patient : « Il doit le justifier et cela peut prendre du temps (24-48 h) pour l’obtenir. »
Les défis du pharmacien hospitalier
Avec l’automatisation et l’informatisation, « les nouvelles technologies vont apporter de la sécurité et diminuer les tâches répétitives à risque. » Pour lui, les pharmaciens pourront être plus dans les unités de soins pour développer la pharmacie clinique et mieux conseiller les équipes médico/soignantes et les patients.